mai 3, 2024
Mes voyages

Carnet de voyages

Préambule

Depuis de nombreuses années, j’ai commencé à écrire des « carnets de route » sans parvenir à y déposer le moindre mot qui pourrait décrire ce que mes voyages m’ont offert et accompagnée depuis mes 19 ans à ce jour…

Ce matin, à l’heure où tous mes amis d’Afrique et de Guadeloupe, se lèvent pour démarrer leur journée avec le lever du soleil, tandis que j’écrivais dans ma tête un sujet qui me tient à coeur depuis 3h en cette nuit hivernale avec -1 ° à l’extérieur, je me lance en direct avec vous, mes futurs lecteurs, dont j’ignore tout, en vous remerciant de votre patience et curiosité pour m’accompagner sur ce monologue qui se voudrait bien être un dialogue à coeur ouvert. Vos commentaires objectifs seront les bienvenus, même contraires à mes « points de vue », pour autant que cela reste dans le respect mutuel. expressions de notre langue française, elles nous conduiront automatiquement aux fruits de mes voyages :

Commençons par cette expression bien française « Vivre sous les cocotiers »

Pour tous les gens du « presque nord », dont je suis, vivre sous les cocotiers est synonyme de farniente, vacances, soleil, plage, bien-être, tranquillité… et j’en passe…

Elle évoque également un rêve, une évasion vers un monde meilleur, facile, léger, insouciant

Pour avoir eu le bonheur d’y vivre en quelques occasions, dont mon dernier séjour de 9 mois sur mon île, qui, soit dit en passant, fut mon cadeau de mariage exprimé par mon homme natif de Basse-Terre, lors de ma première visite en 1991, alors que nous étions assis quelque part au-dessus de l’un des multiples panoramas à couper le souffle :

« je n’ai rien à t’offrir, mais voici ton île, elle est à toi »…

Pas mal, non ? Je ne suis toujours pas certaine que ce soit de l’avis de « mon peuple d’adoption », car pour la majorité, je reste une étrangère à la peau blanche qui bafouille 3 mots de créole, une métro pour beaucoup (quoique je ne sois française que par mon mariage avec un guadeloupéen, ironique non ?), restée profondément suisse par le sang qui coule dans mes veines et plus « noire que blanche » dans mon âme, coeur, esprit e tutti cuanti… dites-le comme vous voudrez, mais voilà : je ne suis bien dans ma peau que lorsque je « me vois noire »… mais ça c’est un autre article que vous pourrez découvrir sur des extraits de mon livre dont un lien pourrait surgir si je parviens à maîtriser ce nouveau site.

Donc revenons à nos cocotiers… l’an passé nous avions rendez-vous avec nos chers cousins « dominos » comme nous, sur une plage de la Côte Sous Le Vent, bien évidemment, pour nous basse-terriens, ce sont les plus belles, sans dénigrer aucunement la Grande Terre, c’est là que nous pouvons nous installer pour y pique-niquer au frais, entre mer et montagne. Le rendez-vous fut pris mais il y eut maldonne, ayant compris sur la plage de la Perle, c’est là que nous avons erré une bonne heure à les chercher sans pouvoir les joindre au téléphone, étant donné que sur une plage, rares sont ceux qui se baignent avec leur smartphone…

Bref, après avoir arpenté la plage de la Perle en long et en large… ah oui, il faut que je vous précise que sur ces plages-là, marcher avec une glacière (pour garder de l’eau fraîche, l’eau de coco & cie, c’est essentiel)… du parking où tous les touristes s’agglutinent, jusqu’à son extrémité qui rejoint la plage de Tillet… yen a pour une bonne demie heure aller avec un retour sur l’arrière plage, tout en dévisageant les baigneurs, les allongés sur le sable et les fêtards sous les carbets, je vous l’assure, la matinée y passe…

Bref (bis), à midi, on parvient enfin à les joindre, ils nous attendaient à Clugny… là encore, il y a deux « cotés » de la baie et nous avions commencé par celle dont on avait l’habitude, loin des bistroquets et des cocotiers (!) = une autre heure s’écoule avant de les trouver sous leur carbet ! Retrouvailles bienheureuses depuis notre dernier week-end passé ensemble dans leur belle ville du Mans (destination à retenir, c’est magnifique)… quand notre Fredo (le plus jeune cousin d’Henry) lui fait remarquer : « excuse moi, mais tu as vu où tu t’es parqué ? Sous un cocotier ! » Hahahaha ! J’éclate de rire… et oui 30 ans d’exil ça ne l’a pas « décivilisé » le « petit Fred » ….

Avez-vous une idée des dégâts que peut faire une seule noix de coco sur un capot de voiture ? Henry l’avait oublié, car de son temps, aller à la plage ne faisait pas vraiment partie de son quotidien et jusqu’à son adolescence, la plage, c’était descendre à Basse-Terre, piquer une tête sur le bord de mer, ou chez ses grands-parents, on se baignait dans la Rivière de Zabitan… Bref (ter)… nos cocotiers dans tout ça, sont-ils véritablement synonymes de sécurité, farniente et bien-être ?

Avez-vous déjà vu – autrefois – un enfant ou un homme grimper juste tout en haut d’un cocotier pour un cueillir LA noix de son choix, selon qu’il en voudra boire le jus, ou récupérer sa chaire, dont la couleur, et d’autres aspects dont ils ont eux seul le secret – qu’elle soit verte ou jaune – c’est un travail d’artiste équilibriste qui vaut de loin le prix de son litre d’eau de coco fraîche ou du poids de sa chaire fraîche pour en faire des sorbets, flan ou punch maison autrement bons que prélevée d’une boîte de conserve venue de l’autre bout du monde… Oups, je m’éloigne de mon sujet, mais cela fait partie de ce qui ma chagrine à chaque fois que je vois mes amis prélever l’eau de coco pour la consommer ou pour la vendre et se débarrasser du reste de la noix qui contient une magnifique pulpe dont je me suis régalée durant les 4 mois où nous avons vécu littéralement sous les cocotiers de notre propriétaire qui nous en régalait à gogo….

Mais… j’avoue, c’est du boulot… « d’la job » comme disent mes québecois… étant à la retraite, nous ne pouvons pas juger les autres, et du peu de temps dont disposent les familles guadeloupéennes à l’heure actuelle vivant dans le même stress qu’en Europe dans des agglomérations où les cocotiers ont disparu, arrachés par les cyclones et non replantés comment l’auraient fait leurs grands-parents… Certainement aussi en raison de leur dangerosité, il faut aussi le comprendre… Il paraît que cela s’appelle progrès et que ce serait ça la « civilisation »… (parenthèse refermée sur ce petit coup de gueule)…

Certainement la raison pour laquelle on voit bien davantage de palmiers royaux, nains ou de toutes autres « essence », mais nettement moins dangereux et réellement somtueux !

Je disais quoi ? Ah oui les cocotiers, majestueux et grands protecteurs du littoral… Ils sont extraordinaires par leur faculté à pousser en bord de mer, en déposant une noix qui a germé à peine enfouie dans le sable… il suffit de l’arroser au début, de le protéger par un grillage pour empêcher les chèvres, poules & Cie de venir le picorer, et… les pires, ceux qui ne sauraient s’empêcher de s’en servir de porte-serviette-de-bains… Bin oui, le sable sur une serviette à la plage, ça dérange…. pffffff… restez donc à la piscine … Je disais quoi (?)… Ah oui, c’est ainsi que le littoral peut être sinon « sauvé » mais au moins en freiner l’érosion. Soit dit en passant, bravo aux agents des « eaux et forêts » qui s’acquittent de cette tâche en les répertoriant et entretenant les grillages de protection, luttant contre l’imbécillité de certains citoyens irresponsables – et pas seulement les touristes – qui utilisent ces grillages pour en faire des piquets de support de bâches pour camper… lamentable, honteux, stupide, inconscient, je n’ai pas de mots pour exprimer mon incompréhension face à ce genre de comportement… (parenthèse fermée sur cet autre coup de g…)

Je disais donc que nos chers cocotiers forment un mur de retenue du littoral, résistent à l’eau de mer, tout en distribuant des noix qui sont royalement ignorées, mais bon… c’est toujours le même problème « de temps » et, à défaut, la maturité des noix peuvent être remise en question à cause des vents de plus en plus violents qui les font tomber avant leur terme…

Plus dur encore pour nos cocotiers, dont la vie est bien loin d’être « calme et tranquille », ils sont régulièrement décimés par les raz de marée, ouragans, sans oublier l’érosion du littoral autrefois protégé par les barrières de corail, dont un grand nombre ont été détruites …. et oui… pour permettre aux bateaux de tourismes d’accoster sans danger sur les plages de sables blancs ou dorés de presque toutes nos côtes guadeloupéennes (grgrrrrrr… non je n’en dirais pas plus)…

Revenons à « mes cocotiers de Sainte Rose » dont nous avons bénéficié durant 4 mois, à savoir qu’ils produisent à longueur d’année, si c’est pas sur l’un ce sera sur son voisin que nous pourrons prélever ses noix aujourd’hui récoltées avec une longue perche sur laquelle un « coutelas » est accroché, ce qui n’est pas non plus donné à tous de le faire…

La maison était entourée d’un magnifique « jardin créole » agrémenté de plusieurs arbres aux abord de la maison, dont un avocatier sur lequel nous pouvions cueillir ses fruits directement de notre terrasse au premier étage… image paradisiaque, je vous l’accorde… vivre à côté d’un avocatier comme ceux de Guadeloupe, c’est carrément une richesse dont nous étions presque gênés d’évoquer avec nos enfants qui en raffolent !

Pourrions-nous alors changer l’expression « vivre avec des avocats »… ch’suis pas sûre !

Images paradisiaques qui ont toutes leur contraire… Jugez’en vous-même :

Notre propriétaire devait régulièrement vérifier ses arbres généreux en prospérité, élégance et dont l’envergure pouvait poser un sérieux problème : lorsque les arbres rejoignent les murs, terrasses ou toitures des maisons, ce sont les rats qui s’en emparent la nuit pour en faire leur territoire de jeux… accéder ainsi à la maison, y pénétrer avec tous les inconvénients que cela procure surtout pour moi qui ne peut rester dans une pièce traversée par une simple petite souris, imaginez des rats dont je ne vous parlerais pas de leurs tailles, yeux et dents menaçantes même pour le plus courageux des hommes (!)… Et oui… les paradis terrestres sont aussi infestés de nuisibles dont on se passerait bien… Comme quoi les habitants de nos villes européennes, Paris, Lyon, Genève ou Berlin… doivent faire face aux mêmes problèmes liés à la multiplication des rats vecteurs de maladies qui n’appartiennent désormais plus seulement aux « pays du sud » mais rejoignent les pays du nord dont le froid ne suffit pas à exterminer les rats qui trouvent toujours de quoi survivre… Phénomène écologique (?)… je n’en ai pas la moindre idée, juste revenir sur cette expression à revoir, « vivre sous les cocotiers », c’est quoi ?

Plus haut, j’évoquais le pique-nique sur la plage… La première fois que j’ai eu le privilège de répondre à une telle invitation familiale, c’était en 1994. A l’époque TOUTES les plages étaient magnifiques, propres, sans sargasse, pas d’érosion visibles, le paradis sur terre, vraiment ! L’une de mes préférées, et la plus proche de Basse-Terre étaie celle du Roseau à Capesterre, elle n’était pas encore aménagée comme elle l’est aujourd’hui, soit dit en passant, un très gros et beau travail a été effectué, tant pour le parking que sur la plage… si seulement les derniers cyclones n’étaient pas passés par là… mais ça, c’est la faute à personne, d’autres îles ont vu certaines plages complètement rayées de la carte, on ne va donc pas se plaindre, même si les sargasses m’ont quelque peu refroidies cette année…

Je disais donc … ah oui – pique-nique sur la plage. C’est le papa d’Henry et son épouse qui nous ont invités en précisant qu’ils apporteraient tout. Un peu gênée d’être invitée sans rien apporter (autre déformation suisse… en Guadeloupe pas de manières… on y va à la bonne franquette, éventuellement avec une bouteille de rhum à 6€ et tout le monde est content, mais bon, on a des traditions dont il est difficile de se défaire)…

Parenthèse fermée, nous arrivons avec notre fils de 20 ans, pas plus accoutumé que nous aux piques-nique sur les plages guadeloupéennes… et le premier défi fut d’arriver assez tôt pour « se prendre un carbet »… ma première réaction « ah bon… pourquoi, ya du sable, des arbres partout… pour un truc de touristes ? »… Le carbet fut trouvé et déchargement de la voiture des beaux-parents… que fut ma surprise de voir arriver sur la table – effectivement plus que nécessaire – les courses faites le matin même au marché, avec concombre, tomates, ananas etc… le tout à laver, éplucher, couper sur place… (MDR)… pas mal empotée la Tine… on me propose de m’occuper de l’ananas… « oubliez ça.. chez moi elles poussent en boîtes de conserves, en belles rondelles régulières »… Pour les concombres et tomates… ça va… je donne le change, même si ma façon de les couper n’est pas tout à fait la même que ma belle-mère, je lâche mes complexes et m’en sort pas trop mal… Petite parenthèse de style de coupe… j’ai constaté qu’en Guadeloupe les femmes coupent dans le même sens que les africaines, ce qui semble plus logique et moins dangereux que nous : elles tiennent le couteau dans le sens inverse, en allant vers l’extérieur… ce que je ne suis jamais arrivée à copier durant mes 3 ans de vie africaine… ya rien à faire j’y arrive pas… parenthèse fermée sur ce genre de comparaison que j’aime trop !

L’entrée étant prête… enfin presque… v’là la marmite… euuh pardon, le faitout… ou le canari selon ce que vous voudrez… riz-pois-de-bois-cochon… ou dombrés-ouassous, je sais plus, mais l’un des préférés sur la plage… le tout préparé tôt (très tôt) le matin et encore chaud, prêt à servir… on sort les assiettes (des vraies, de celles qui peuvent se casser et qui viennent des grands-parents… mais noooon je rigole, les mêmes assiettes en verre (arcopal) casi incassables que je trouvais en Afrique… Y z’étaient écolos bien avant l’heure sur mon île adoptée dès mon atterrissage… c’était pas difficile car, de un, je retrouvais mon amoureux, et de deux on a pris la route qui traversait Petit-Bourg – évidemment à l’époque y’en avait pas d’autres, et il faisait nuit… évidemment, elle tombe juste après l’heure du goûter… ahhh… je me perds dans mes souvenirs… mais là, c’est bien plus qu’un souvenir, c’est un sentiment, et… et surtout des odeurs… je me suis crue dans une rue de Ouagadougou le soir quand les fallots tempêtes et réchauds à charbon sont allumés pour y cuire les fast foods des tropiques, beignets, riz, poissons, haricots etc… avec un reste de chaleur ambiante de la journée, les arômes s’unissent comme un chant à la vie, la vraie vie, simple, ordinaire, parfois pauvres matériellement, mais tellement riches en saveur, en savoir vivre, dans un relationnel authentique où l’on chante, on pleure, on crie, on s’engueule, on s’exclame, on rit aux éclats, on ne retient rien… rien, ou rien d’autre que le temps de vivre que l’on retiendra aussi longtemps que la fatigue ne nous emportera pour nous ramener chacun chez soi, loin du bruit de la rue qui sombrera dans un véritable repos, et dont la nuit procurera un vrai sommeil réparateur pour entamer la prochaine journée dont la plupart ne savait même pas de quoi ils allaient vivre, manger ou boire, juste se réveiller pour vivre dans une forme de foi admirable et qui a disparu de nos jours, foi en demain, conscient qu’à chaque jour suffit sa peine car il en est Un qui veille sur les homes et les femmes de bonne volonté…

Mais… où donc, t’envoles-tu avec ta tartine qui nous éloigne de notre carbet sous les cocotiers de Roseau ?

Mille excuses, j’y reviens à mes cocotiers sur la plage… Certes ils sont utiles et beaux, mais il est dangereux de vouloir pique-niquer à leurs pieds, et ils sont même dangereux pour nos carbets que les tempêtes malmènent par les eaux qui montent jusqu’à leurs bases pourtant faites de béton que les vagues balaient sans gêne… et puis des pluies de noix de coco sur les toits en paillotte… ça fait pas seulement des trous ou des bosses sur les voitures, ça transperce même les toits des maisons…

Et oui, vivre sous les cocotiers, c’est aussi vivre au rythme du temps, pas seulement le temps qui passe et s’écoule avec douceur comme dans la rue centrale de Petit-Bourg dans le passé, mais au rythme des saisons qui ont, elles aussi perdu la boussole des mois qui se suivent et ne ressemblent plus à rien, ni au passé, ni au présent, et contre quoi, personne ne peut rien faire que subir ou se préparer…

Avez-vous déjà vu un cocotier ou un palmier sans sa tête ?

ce sera la suite de ce carnet…. à demain, peut-être !

14.11.2019/Tine

Tel qu’évoqué, lors de mes premiers mots posés comme une esquisse sur ce carnet de route, en ce 8 avril 2020, le temps de “pause forcée” pour une durée indéterminée, me fait prendre conscience de ce que le mot “rester” veut dire dans son sens premier !

C’est alors un véritable “arrêt sur image” qui se profile devant mes yeux…

Et pourtant, suis-je véritablement capable de m’arrêter ?

Écrire, écrire encore, serait ma première réaction contre cette inaction apparente…

“La Plume de Tine”… s’envole dans ma tête, légère comme peuvent l’être les souvenirs les plus doux, chaleureuse comme l’ont été les soirées devant la cheminée du chalet d’alpage, devant lequel je vois encore les jeans détrempés suspendus au dessus de nos têtes rougies d’une journée de bon air, de nos éclats de rires et du reflet des flammes crépitantes…

Ma plume voudrait courir sur ces pages blanches pour revivre, refaire et revisiter les fabuleuses routes sur lesquelles j’ai usé plus de pneus que de semelles…

Y parviendrai-je, limitée à mon seul écran de smartphone (?)…

J’en doute un peu, mais je vous promets d’essayer…

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