avril 24, 2024
Ma Plume

Heureux… (!)

Heu… heureux (!)… c’est quoi ???

Hier soir, lors d’un échange avec une amie, j’ai été confrontée avec la notion d’être heureuse… ou pas. C’était la première fois et je me suis surprise à réfléchir à la signification de ce mot « heureux, heureuse… » que signifie exactement l’être ou pas (?)

Je ne suis ni linguiste ni spécialiste de ma langue maternelle, j’essaie juste de comprendre de quoi je parle lorsque j’utilise un mot aussi courant qui devrait exprimer l’état dans lequel je me trouve lorsque j’apprends une nouvelle, qu’elle soit, bonne, mauvaise, moyennement agréable etc. La première question qui se pose est : « es-tu heureuse … ». Or, j’ai imaginé hier soir qu’il peut y avoir plusieurs niveaux de l’être ! Ou alors, on n’a pas très bien compris ce que ce petit mot veut dire. Je ne prends volontairement pas de définition du dictionnaire. J’ai juste envie d’analyser ces 2 syllabes prélevées dans d’autres mots qui n’en font en fait qu’un extrait et qui m’apparaissent aujourd’hui comme quelque chose de creux et vide de sens.

On parle du bonheur ou du malheur qui sont deux mots exprimant clairement de quoi il s’agit.

Heureux, heureusement… évoque l’heure, le moment présent, tel un « état » au court duquel il sera bon ou mal, comme l’exprime si bien l’expression : « A la bonne heure ! »… ou « Quel malheur ! »…

Etre heureux me semble un état intermédiaire entre « bienheureux et malheureux » = ni bien ni mal, dans un état neutre, peut-être médian, une sorte d’entre-deux dans lequel on est juste là, dans le présent. Est-ce un état que l’on pourrait comprendre comme « satisfaisant » ? Je l’ignore encore.

En recherchant la signification exacte de ce petit mot utilisé peut-être à tort et à travers sans y avoir jamais réfléchi, je me penche alors sur le texte biblique bien connu, par tous croyant ou non : les « fameuses béatitudes » prononcées par Jésus et traduites en français par « HEUREUX… ».

M. André Chouraqui, Docteur en théologie, nous a surpris lorsque nous avons découvert sa traduction de ce mot par « en marche, ou DEBOUT… » ! Surprenant non ? Du coup, ça m’a fait tilt ! Et c’est peut-être ce que j’aimerais dire de cet état « entre deux » ni malheureux, ni bienheureux, juste là : DEBOUT, avançant… !

Ce n’est ni un malheur qui frappe ni un bonheur qui réjouit, lorsque nous accueillons certaines nouvelles sans véritables émotions criantes qui ne nous remplissent ni de joie, ni de tristesse. Ou peut-être un peu des deux, une nouvelle qui peut être perçue sous plusieurs angles faits de bien, de moins bien, et de mal, voir très mal. Et on décrira cet état de non-heureux, terme qui n’existe pas et difficile à expliquer lors de nos échanges entre êtres humains sommes toutes assez compliqués, lorsqu’il s’agit de se comprendre mutuellement, et parfois plus difficile encore lorsque nous espérons être compris.

Alors oui, j’aime cette traduction d’être debout, allant de l’avant, plutôt qu’heureuse en « cet instantané », dans mon « ici et maintenant« … où je peux être ni heureuse ni malheureuse, juste là, debout quelques soient mes circonstances et/ou nouvelles qui me tombent dessus.

J’aime l’idée que je me fais depuis quelques heures de cet état « dit heureux » comme un « instantané », comme une photos prise en un clic qui immortalise un visage, une situation. Et le complément heureusement que… me donne raison, en voici quelques exemples :

Heureusement qu’il a plut… Heureusement qu’il fait beau… Heureusement que tu sois là… heureusement que tu sois parti… etc… la liste peut être longue !

« Mon heureusement de l’instant » peut devenir malheureusement il a plut…, lors d’inondations emportant tout sur son passage, ou malheureusement il ne pleut pas…, quand le soleil brûle chaque brin d’herbe d’un pâturage desséché…

Culturellement, pratiquement dans toutes les nations de ce monde, des événements sont automatiquement heureux. Tels un mariage, une naissance, partir en vacances, avoir du travail, vivre une guérison, gagner de l’argent, être bien logé et j’en passe… Mais savons-nous exactement ce que vit ce couple en habits de noce et souriant au photographe, cette maman courant chez le pédiatre, cet ouvrier exploité, ce collègue guéri du cancer ou cet homme riche et bien logé ??? Seraient-ce des signes « d’être vraiment-heureux » ou seulement un « instantané aux couleurs du bonheur » !  Nul ne peut vraiment prétendre le savoir et s’ils sont simplement « là-debout-et-marchant », réjouissons-nous et trinquons avec eux « à la Bonne Heure » de cet heureux-instant-présent en leur souhaitant bonheur et invoquant de grandes bénédictions divines sur leurs projets, quelques soient leurs défis ?

A l’inverse, pourquoi « déciderions-nous » qu’un même événement culturellement acceptable, soit jugé, presque condamné à être malheureux ? Combien de couples ont « mal commencé » et sont devenus des familles épanouies et heureuses ou vice-versa ? Combien de personnes pauvres, malades et isolées ont démontré qu’elles étaient bien plusheureuses que d’autres en bonne santé, ne manquant de rien en apparence ?

Ainsi, lorsqu’il arrive qu’un événement nous semble forcément heureux ou malheureux dans la vie d’un proche, ne pourrions-nous pas commencer par lui demander « comment le vit-il » ?

Ces réflexions me ramènent à une vingtaine d’années en arrière, avec une chère amie presque centenaire, que je saluais avec joie en lui disant « Oh tu es là, c’est super, comment vas-tu ? », elle me répondait inlassablement : « Bah, on est là » en haussant les épaules avec son regard malicieux !

Aujourd’hui j’en souris, car j’utilise très souvent sa formule qui en dit plus long qu’aucune autre réponse, que pratiquement personne ne souhaite entendre. En réalité, toi qui poses cette question, es-tu bien certain de vouloir entendre la véritable réponse du « comment je vais » (?). Veux-tu vraiment savoir à quel point cela m’a été difficile de sortir de mon lit, me tenir sur mes deux pieds, passer sous la douche en me cramponnant d’une main pendant que l’autre tient le pommeau et m’émerveiller d’en être sortie sans avoir glissé, d’avoir pu m’habiller et sortir ? …

Alors oui je vais bien, car « je suis là, juste reconnaissante d’être debout, en marche… ! ».

Ici et maintenant, debout, bon-an-mal-an, à la bonne heure !

Et si c’était « ça »… être heureux !?…

9 juillet 2022/Tine

… Et pour ce qui est d’être BIENHEUREUX, ce sera (peut-être) un autre sujet à venir !…

4 réflexions sur “Heureux… (!)

  • Une réflexion à approfondir, à poursuivre , alors, « en marche »!

    • Allons-y donc !☺

      • Et on revient à continuer de faire 1 pas après l autre…

        • Tine

          Et oui… voire même une syllabe après l’autre ☺

Commentaires fermés.